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C’était ce jour-là que les choses sérieuses allaient commencer : nous allions enfin pénétrer dans le mythique cirque de la Réunion : Mafate ! En effet l’accès à ce cirque se fait exclusivement à pied ou en hélicoptère, il n’y a aucune route qui y mène. Il est parsemé de petits hameaux, chacun perché sur sa montagne. Les personnes qui y vivent sont toutes autonomes et débrouillardes et ce sont d’excellents marcheurs ! Car s’il y a bien un adjectif qui peut décrire les chemins de rando de Mafate c’est « vallonné », le plat n’existe pas !

A peine réveillé on s’est vite rendu compte de notre erreur de la veille. La descente avait été fatale pour nos muscles et c’est pleins de courbatures que l’on a entamé la longue montée vers le village d’Aurère, la fin de la troisième étape selon le topo guide.

Nous avons donc emprunté le bien connu lieu-dit de « deux bras » une des portes d’entrée de Mafate. C’était un endroit magnifique avec la jolie rivière à traverser à plusieurs reprises sur des Galets. Ensuite nous avons enchaîné montée, marches, marches, marches, jusqu’au petit village d’Aurère.

On pensait être récompensés par un bon repas (oui ne nous jugez pas, la bouf devient notre principal sujet d’intérêt quand on marche !). D’autant plus que la localité comprenait plusieurs gites, un petit bar et même une boulangerie. Mais le dieu de la nourriture n’était définitivement pas avec nous et tout était fermé et pas prêt d’ouvrir… On a donc dû se contenter une nouvelle fois de notre cuisine au réchaud qui était bien loin de nous remplir le ventre ! Une fois de plus on était arrivés très tôt au village, à peine 11h, on a donc poursuivi notre chemin, bien décidés à trouver quelque chose à nous mettre sous la dent dans les prochains villages.

Nous sommes passés par îlet à Malheur , îlet à Malheur les hauts (séparé de son jumeau par une longue descente jusqu’à la rivière puis une longue remontée), îlets à Bourse, … Il fallait se rendre à l’évidence qu’on allait devoir se nourrir de vues exceptionnels à défaut des bons petits plats Réunionnais. A chaque gite où nous allions frapper c’était toujours la même réponse « vous avez réservé ? non ce n’est pas possible… ». Nous avons puisé dans nos dernières forces pour rejoindre « Grand Place » le terminus de la quatrième journée de marche en suivant le topo guide. On se disait que comme c’était grand (« grand place » ça paraît logique non ?!) on trouverait forcément quelque chose à manger !

Il ne nous restait pas beaucoup n’énergie en arrivant, nous venions bel et bien de doubler une étape de notre rando ! Ce n’est jamais une très bonne idée en général et effectivement nos muscles courbaturés allaient nous le faire payer les jours suivants… Et toujours pas le moindre poulet boucané ou rougail saucisse à nous mettre sous la dent ! On a fini par acheté 2 bières et 1 paquet de cacahuètes à la petite baraque du coin et on s’est contentés d’un petit apéro avec vue sur les montagnes. La taille de la ville et les pentes abruptes de Mafate ne nous a pas permis de bivouaquer ce soir-là, on s’est donc installés au camping « belle vue » (je vous laisse deviner que la vue n’était pas dégueu) et on a quand même eu le réconfort de réserver le petit dej pour le lendemain matin. Au moins on commencerait pour une fois la journée le ventre bien rempli ! On s’est même payés le luxe de se prendre une petite douche et de laver quelques affaires. Finalement ce n’était pas une si mauvaise décision d’avoir poussé jusque-là, et surtout sans cela, on aurait jamais fait la rencontre qui allait donner une nouvelle dimension à ce trek…