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Après plus de 48h de vol et transit, 1h de dodo, une montagne de documents à présenter encore et encore aux aéroports pour nous laisser prendre nos avions, quelques sueurs froides quand devant la porte d’embarquement le test PCR n’était soudain plus valable, un nombre incalculable de snacks dans les avions et de films visionnés,… nous voilà enfin arrivés au Népal ! 

Le moins que l’on puisse dire c’est que ça a été un choc pour nos sens ! La vue d’abord : des véhicules en tout genre se frayant un chemin parmi une foule de piétons chargés de diverses marchandises, des bâtiments délabrés, des paquets de fils électriques emmêlés pendouillant entre les rues, des déchets partout, une écriture inconnue que l’on était bien incapables de déchiffrer,… L’ouï ensuite : un concert de klaxonnes tonitruant, des moteurs pétaradants, des cris, des aboiements, une langue aux sonorités nouvelles,… et enfin l’odeur et le toucher : un mélange de poussière et de pollution qui nous pique les yeux et les narines,… oui on peut dire que ça changeait du côté bien rangé de Vancouver ou des traits français de la Polynésie. Mais c’est aussi ça que l’on aime dans les voyages : voir comment ça se passe ailleurs. 

On a passé 2 jours à se balader dans les rues infernales de Katmandou. On peut vous le dire ce n’était pas une partie de plaisir !  Il fallait être en permanence extra vigilants pour ne pas se faire renverser par un véhicule, car ici c’est la loi du plus fort, aucune considération pour les piétons. Le pire c’était de traverser les grands boulevards. Imaginez une anarchie de véhicules se faufilant sur 6 voies et vous, petit piéton, qui devez traverser. On a trouvé la solution : repérer un népalais, devenir son ombre, fermer les yeux et lui faire confiance. Heureusement, on a survécu, ça n’a pas été le cas de la gourde de Christophe, tuée par une camionnette qui a reculée sans regarder. 

On est aller se promener au mythique Durban square : un ensemble de temples hindoux et boudistes ancestraux. Bon à partir de maintenant on utilisera l’un et l’autre terme pour les 2 religions, car on a compris qu’elles étaient intimement liées, l’une faisant partiellement partie de l’autre, et inversement, et même les népalais ne sont pas toujours d’accord sur leurs différences. En tout cas ils utilisent les mêmes lieux de cultes, pratique ! Certains temples étaient magnifiques, dommage qu’ils n’étaient pas mieux sauvegardés et mis en valeur. Partout on pouvait voir des poutres qui soutenaient tant bien que mal les bâtiments, des fissures dans les murs, voir des temples effondrés. Il faut dire que le site avait pris un sacré coup avec le tremblement de terre de 2015 et à priori il n’y a pas les fonds nécessaires pour tous les rénover. Partout dans la ville on trouvait de nombreux lieux de culte, mais le plus remarquable était Swayambhunath. Perché sur une colline peuplée de singes chapardeurs, le site valait le déplacement. C’était une belle immersion dans la religion bouddhistes avec ses moulins et drapeaux de prières, sa stupa, ses feux, ses offrandes. Dommage encore une fois que le lieu n’était pas plus soigné : il y avait des détritus partout et les rares poubelles défoncées, rouillées et débordantes avaient été laissées à l’abandon depuis longtemps. 

Le gros fléau de Katmandou, et malheureusement ce qu’on allait découvrir, du pays tout entier, c’était la pollution. C’est comme s’il n’y avait aucun système de récupération et traitement des déchets. Il y en avait absolument partout, c’était un désastre. D’ailleurs la rivière qui traverse la ville était ce qui se rapproche le plus d’une décharge : elle était remplie de détritus et l’odeur qui s’en dégageait était épouvantable. Quand à l’air que l’on respirait, il n’y avait qu’à regarder le ciel, censé être bleu, pour imaginer l’ampleur des dégâts dans les poumons… après quelques recherches, on a découvert que Katmandou a détenu a plusieurs reprises le malheureux record de ville la plus polluée au monde. 

Nous avons logés dans un petit hôtel miteux dans le quartier de Thamel, mais qui avait le mérite de faire du bien à notre porte monnaie : seulement 7€ la nuit (on l’a même négocié à 4€ au retour, pour une chambre double avec dalle de bain privée) ! Ce quartier était assez marquant car il regorgeait de magasins vendant du matériel de trek. Le paradis pour les randonneurs !  Sauf que quand on y regardait de plus près pas sûr que ça tienne toute une rando, mais on peut leur accorder le titre de champions de la contrefaçon. Heureusement on était déjà bien équipés, on avait seulement besoin d’une carte pour notre rando, le tour des Annapurnas. Coup de chance un couple de français en revenait et a posté une annonce sur le groupe Facebook pour refourguer leur carte. Ça a été l’occasion d’une belle soirée rooftop autour d’un verre pour un échange de bons plans. 

On avait aussi prévu d’aller à Baktapur, un village médiéval proche de Katmandou qui était particulièrement animé par les fêtes du nouvel an. En effet on a débarqué le 13 avril, soit comme vous l’avez deviné le réveillon de l’année 2079 ! Malheureusement la fatigue du trajet a eu raison de nous car on est tombés malades. Au début ce n’était qu’un banal mal de gorge mais combiné à un jus de pomme contaminé, on s’est retrouvés une journée entière au lit avec de la fièvre et le système digestif détraqué. Le plus embêtant c’est que l’on devait commencer notre trek le lendemain…ce n’était pas la préparations physique que l’on s’était imaginé. 

Une fois n’est pas coutume, nous allons faire un petit saut temporel. Nous avons passé une nouvelle journée à Katmandou à la fin de notre séjour au Népal, et de façon totalement inattendu et surprenante, cette journée a changé notre façon de voir cette ville. On vous raconte. 

Avant de partir nous voulions donner quelques affaires qui nous seraient inutiles pour la suite du voyage et échanger nos derniers roupies, on a donc mis une annonce sur le groupe Facebook. Ça nous a permis de rencontrer Bastien, avec qui on a passé notre dernière soirée népalaise dans un restaurant local. Tellement typique d’ailleurs ce restaurant que j’ai eu le droit à une nouvelle tourista au décours. On aura été malades jusqu’au bout ! 

On a aussi rencontré Hary, un guide népalais, intéressé par donner une seconde vie à nos affaires. Une chose en entrainant une autre, il nous a proposé de nous servir de guide dans Katmandou. Parfois on a l’impression que la vie nous met des gens sur notre chemin, et qu’il faut se laisser porter par les imprévus. On a donc suivi notre instinct et on a passé toute une après-midi avec Hary à travers les ruelles tortueuses de Katmandou, les petites cours et temples cachés, bercés par ses explications sur la l’histoire et la culture népalaise. Il nous a parlé des multiples dieux et religions qui cohabitent dans cette multitude de lieux de cultes à la fois semblables et différents. Il nous a conduit à Bodnath, la géante stupa appelée aussi le « mini Lassa », en référence à la stupa tibétaine. Des moines Tibétains nous y ont bénis pour faire fuir les mauvaises énergies, espérons que ça marquera pour nous la fin de nos soucis de santé ! Sans lui nous n’aurions jamais osé nous rendre à Pashupatinath, lieu des crémations et cérémonies funèbres. Il nous a fait profiter de son immense culture pour nous éclairer sur les bas reliefs, les fonctions des temples, ou nous raconter des anecdotes. Au-delà on a aussi pu échanger avec lui sur des sujets aussi variés que la politique, la pollution, l’éducation,…ce qui nous a donné un nouvel éclairage sur ce pays et nous a permis de mieux comprendre sa culture et les enjeux qu’il subit. A travers les yeux de Hary, on a découvert une autre facette du Népal et on l’en remercie.