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Visiter Petra c’est comme manger dans un restaurant étoilé. 

On commence par la mise en bouche, avec little Petra, située à quelques kilomètres du site principal. On y accède par un étroit défilé dans les montagnes. La découverte des premières façades taillées dans la roche ocre nous a impressionné et mis l’eau à la bouche. On avait hâte d’être au lendemain matin pour déguster la suite !

Avec quelques difficultés, on avait fini par trouver un site de bivouac au milieu des montagnes, non loin de little Petra. C’était samedi soir et les Jordaniens étaient de sortie, tous les endroits étaient déjà occupés par des familles en train de pique-niquer. On pensait passer inaperçus au milieu de nos voisins. Mais ce que l’on ne savait pas, c’est qu’ils ne passaient pas la nuit ici. On s’en est rendus compte malgré nous en pleine nuit quand on s’est fait réveillés par la police nous demandant de mettre les voiles. Après leur avoir fait un peu pitié en leur expliquant que l’on n’avait nulle part où aller, ils nous ont finalement laissé camper jusqu’au petit matin. 

Place à la suite du repas et le début des choses sérieuses avec la découverte d’une des 7 merveilles du monde moderne : Petra. 

On a commencé la dégustation par une première entrée, un chemin pavé long d’un peu plus d’un kilomètre qui parcours le désert. On y a découvert en chemin les djinns block, des cubes rectangulaires taillés dans la roche, le tombeau aux obélisques et le Triclenium.

Vient ensuite la deuxième entrée dans l’étroit défilé nommé « le siq ». Les parois étaient par moments hautes d’une centaine de mètres et le chemin serpentait dans la roche pendant 1,5km. On a longé un système de canaux servant à acheminer l’eau dans la cité, des barrages et quelques sculptures usées par le temps. L’ambiance y était mystérieuse, nous préparant à la star du menu. 

Au détour d’un chemin, on a fini enfin par apercevoir,  le fameux Trésor. Certains touristes ne viennent que le voir et repartent, tant sa réputation est presque synonyme de Pétra. Mais vous nous connaissez, on est trop gourmands, on n’allait pas s’arrêter alors que l’on attaquait à peine le plat principal ! Il faut dire que la façade dorée très bien conservée et illuminée par les premiers rayons du soleil en jette. Ils avaient du talent ces Nabatéens. On ne vous a pas encore parlé d’eux, c’est le nom du peuple qui a bâti Petra, 4 siècles avant JC. Ensuite le site a été occupé par les romains, puis par les Byzantins, puis est tombé dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte à la fin du 19esiècle par un explorateur suisse. Fin de la parenthèse historique, on poursuit le repas. 

Après le Trésor, le défilé s’élargit et fait place à la ville basse :le chemin était bordé de tombes sculptées dans la falaise. Bon de nos jours, il est surtout bordé d’étales de bédouins cherchant à refourguer à tous pris leurs chinoiseries. C’est plutôt dommage car on avait le sentiment que les lieux n’étaient pas respectés. Ils s’installent au sein des tombes, ou pire, s’en servent comme toilettes, parfois ils clouent même leur marchandise bon marché sur les façades millénaires. Ils sont malheureusement partout sur le site de Petra. Ça peut être pratique quand on est perdus, il n’y a qu’à suivre les échoppes, mais ça dénature plutôt les lieux. Sans parler des sollicitations constantes qui nous donnaient un peu l’impression d’être dans un jeu vidéo lorsque l’on croise des PNJ (personnages non joueurs) ressassant le même discours qui se déclenche dès qu’un touriste passe. 

Arrivés au bout de la ville basse, marquée par un splendide théâtre romain, vous avez le choix : à gauche la dégustation se poursuit par la route du Haut lieu des Sacrifices, a droite celle de la rue des façades. 

Attaquons l’ascension des marches qui mènent à la route du Haut lieu des sacrifices. On y a découvert des obélisques, l’esplanade aux sacrifices, mais aussi des palais et des fontaines. On s’est rapidement rendus compte que ce qui faisait la beauté du site, au-delà des tombes creusées à même la roche, c’est la roche elle-même. Ses couleurs étaient absolument hypnotisantes explorant la palette des jaune-orangés, du rouge, en passant par celle du bleu, du rose ou du violet. Parfois uniforme, parfois en strates bien rangées ou encore en spirales, c’était éblouissant et une nouvelle expérience à chaque recoin. 

Si l’ on poursuit la haute route, on fini par arriver au pied des 300 marches menant au monastère. Autant le savoir, à Pétra, mieux avoir un bon souffle et de bonnes chaussures ! Bon pour ceux qui en sont démunis et qui ne sont pas regardants sur l’esclavage des animaux, il y a aussi la solution de parcourir le site à dos de mule ou de dromadaire. C’est la première fois que l’on a été autant horrifiés de la manière dont les bêtes pouvaient être traitées : fouettées sans raison, des chaines leur cisaillant la chaire, attachées des heures au soleil sans eau ni nourriture… c’est absolument scandaleux que de telles pratiques puissent avoir lieu dans un site si emblématique.

Revenons au monastère, vous serez récompensés de l’effort car cette façade est la plus grande de toute la ville 44 m de long pour 43 m de haut, le tout dans un bel état de conservation. En plus la vue sur le désert est magnifique, définitivement vous ne serez pas déçus d’avoir fourni l’effort et épargné un peu de souffrance à une pauvre bête. 

Si l’on repart en arrière on parcourt la voie à colonnades, bordée par le qsar el-bint, le grand temple et l’église byzantine, jusqu’au théâtre que l’on avait croisé un peu plus tôt. 

Vient ensuite le moment de finir les plats principaux avec la route que l’on avait mise de côté, la rue des façades. Vous ne pourrez pas la louper, elle sont vraiment impressionnantes toutes ces monumentales façades de tombeaux alignées les unes à côté des autres. Il y en a même une qui avait été reconvertie en cathédrale durant l’époque byzantine (et même que maintenant elle est reconvertie en magasin attrape touriste, avec des chèches directement cloutés dans sa façade ! ). 

Il vous reste de la place ?  Ne vous inquiétez pas, il y a le choix niveau desserts !  Si vous êtes toujours à la rue des façades, et que vous avez encore envi de faire un peu d’exercice, « quelques » marches et un chemin à travers la montagne vous permettront d’observer le fameux Trésor vu d’en haut. D’autres chemins de rando vous conduiront à d’autres endroits plus reculés de la ville où vous serez seuls au milieu des tombes sculptés ou bien pour profiter du magnifique panorama sur les montagnes et le désert environnant. 

Pour prendre le temps de bien digérer tout ça, on a passés 2 jours à Petra. Ce qui nous a semblé une durée idéale pour voir tout ce que l’on avait prévu, sans se presser.

Et alors c’était bon ?  Oui, on a trouvé le site délicieux !  On comprend pourquoi ce lieu a une telle réputation : la ville est immense, incroyable, les couleurs sont époustouflantes. Mais on regrette qu’un tel joyau ne soit pas plus chouchouté. On a même eu l’impression d’être privilégiés et qu’à ce rythme là, il n’en restera plus grand-chose dans quelques décennies.On avait le sentiment que rien n’était fait pour protéger ces trésors : les bédouins détériorent le site, les touristes sûrement tout autant, sans parler de l’eau qui fait des ravages,… et on n’a vu aucun monument en cours de restauration, aucun employé prendre soin des lieu, aucun balisage pour empêcher les gens de faire n’importe quoi. On pourrait se dire que c’est un manque de moyen mais au prix du ticket d’entrée, environ75€ la journée , on aurait aimé qu’une partie de cet argent soit réinvesti à la sauvegarde des lieux.