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Un train de Tachkent à Andijan, au sud de l’Ouzbékistan, un taxi partagé avec un couple Allemand, les premiers voyageursen sac à dos que l’on a rencontré depuis notre arrivée en Asie centrale, et nous sommes finalement arrivés à la frontière avec le Kirghizistan. Ça a été l’un des passages de frontière terrestre le plus mémorable de nos voyages. D’abord, après avoir répondu à quelques questions sur notre voyage on nous a offert des cadeaux : casquettes, totbag et tee-shirt à l’effigie de l’Ouzbékistan (on espère juste qu’ils s’entendent suffisamment bien en ce moment pour les porter sans offense au Kirghizistan ! ). Et ensuite beaucoup moins drôle, Christophe a failli se faire refouler à la sortie du pays car il avait un petit bout de papier dans son passeport qui semblait provenir d’une page déchirée. Même si toutes les pages numérotées étaient présentes, ça a suffisamment retenu l’attention du douanier pour aller voir ses supérieurs et laisser Christophe dans le suspens pendant 20 minutes. Mais tout est bien qui fini bien et on a pu rentrer dans le dernier pays de notre voyage : le Kirghizistan ! 

Régina et Sebastian, les 2 allemands avec qui l’on avait fait le voyage depuis Andijan, nous ont tuyauté sur un organisme susceptible de nous aider à organiser notre séjour au Kirghizistan, le CBT. Sorte d’agence de voyage officielle, son champs d’action s’étend du simple conseil pour les randos à l’organisation totale de votre séjour du logement au transport en passant par toutes les activités possibles. Grâce à eux nous avons un peu modifié les plans de notre voyage. On avait surtout envie de randonner dans l’est du pays, mais l’hiver faisant un peu de zèle cette année beaucoup de nos plans sont tombés à l’eau (ou plutôt dans la neige). On a donc décidé de rester un peu plus à l’ouest où le climat est plus doux pour explorer les montagnes du coin. Par chance les montagnes couvrent 80% du pays, donc on avait de quoi faire. 

On a donc fait une première randonnée de 2 jours/1 nuit dans les montagnes au sud de la ville, le lendemain de notre arrivée, totalement imprévue. C’était une belle première approche du pays. Le premier jour, on a marché sur une route le long d’une rivière où l’on a rencontré beaucoup de fermiers curieux de notre présence. On était aussi très intéressés de découvrir leur mode de vie : les yourtes, les élevages de chevaux, de bétail… on s’est par contre très vite sentis limités côté communication. On a profité d’une petite pause repas dans une yourte pour apprendre quelques mots kirghizes. D’ailleurs chose que l’on n’aurait jamais imaginé, on s’est fait offert le repas par un local !  On a bien essayé de refuser, mais Christophe s’est quasiment fait plaqué au sol pour lui mettre de force l’argent dans la poche. On s’est aussi rendus compte à cette occasion que les kirghizes ne mangeaient pas vraiment le midi car on nous a servi… un petit déjeuner ! 

Le soir on a trouvé un petit spot pour planter la tente, non loin d’un camp de yourtes hébergeant des touristes. On était bien pausés quand un éleveur nous a fait de grands signes en contrebas. Christophe est allé voir ce qu’essayait de nous dire ce monsieur. Encore une fois, ils ont communiqué par geste comme ils ont pu mais Christophe est sûr que le monsieur lui a mimé que si l’on dormait là, on allait mourir !  Il nous proposait de dormir dans sa yourte, et a même essayé d’appâter Christophe en lui faisant goûter son beurre (enfin il n’est toujours pas sûr que c’était bien du beurre !) fait maison, qui l’a plutôt fait fuir en courant. Comme on n’avait pas très envie de dépenser des sous pour notre nuit alors que l’on avait tout porté jusque-là, on a décidé de rester dormir dans la tente. On a analysé toutes les morts possibles qui nous guettaient : emportés par un glissement de terrain ou une rivière en crue, piétinés par un troupeau de chevaux ou de vaches, assassinés par des locaux un peu en colère,… franchement aucun des scénarios ne nous semblait suffisamment plausible pour ne pas dormir dans notre petite tente bien aimée. On a bien entendu quelques vaches brouter à côté de la tente le soir, puis des cheveux le matin, mais aucun ne nous a piétiné. Par contre, peu après l’aube, on a entendu quelqu’un ouvrir notre tente… point de méchant tueurs d’amoureux mais simplement des enfants curieux qui ont détalés quand ils nous ont entendu bouger ! 

La deuxième journée nous a montré un bel aperçu de ce qu’était la randonnée au Kirghizistan : passer son temps à essayer de trouver son chemin !  Aucun sentier n’est balisé, il n’y a pas de chemin dessiné sur maps me (l’application de cartes hors ligne que l’on utilise partout), seulement un vague tracé fourni par le CBT et des centaines de sentiers tracés par les animaux striant la montagne. Ça a été un défi de chaque instant de s’y retrouver !  Heureusement on était en moyenne montagne, entre 2000 et 3000 m d’altitude, le paysage était vert et vallonné, sans neige ni falaises acérée. Rien de dangereux donc à s’éloigner du sentier. Par contre c’était ultra fatiguant !  A un moment on s’est rendus compte que l’on suivait un cours d’eau au fond de la vallée, alors que l’on était censé marcher sur la crête… on s’est donc retrouvé à monter 500m de dénivelé en 500m en coupant à travers champs, épuisant !

Mais ça valait le coup. On se retrouvait enfin dans les grands espaces en pleine nature dont on avait rêvé en venant au Kirghizistan. C’était magnifique. Les rencontres animales étaient nombreuses. Beaucoup d’animaux d’élevage : chevaux, vaches, brebis, ânes… mais aussi de grosses marmottes dorées aussi grosses que des matous, sifflant à notre passage. Mais les plus impressionnants volaient dans le ciel : d’énormes rapaces avec une envergure d’au moins 1m qui nous cachaient le soleil en tournoyant au dessus de nos têtes. 

Finalement la rando n’était pas si longue, seulement 27km et 1500m de dénivelé positif, mais avec le temps que l’on a pris pour s’y retrouver, on avait bien fait de prendre 2 jours. On était bien rincés en arrivant à Osh le soir. D’ailleurs pour rentrer, rien de plus simple, on a découvert que le stop fonctionnait parfaitement au Kirghizistan. La seule chose, c’est qu’habituellement on adore discuter pour connaître un peu mieux nos bienfaiteurs, mais là ça s’est arrêté à « Hello » et « Osh ».

Osh en elle-même n’avait pas grand-chose à offrir. Un grand parc, quelques restos (d’ailleurs pour une fois on a su ce qu’on allait manger, car Regina, notre amie allemande, parlait Russe, très pratique ! ) et surtout le grand bazar. Il est connu comme un des plus vieux d’Asie centrale. C’était très chouette d’explorer ses nombreuses allées, chacune dédiée à quelque chose de particulier. Une sorte de grande surface géante où vous pouvez trouver tout et n’importe quoi : de la nourriture, des vêtements, des objets du quotidien, mais aussi des réparateurs d’électroménager, des couturières ou des couteliers. Vraiment pratique !