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Donsol, royaume des requins baleines et des raies Manta, facile de comprendre pourquoi on a atterri ici. Et pourtant mère nature nous a bien testé sur ce coup là, c’est parti pour le récit de nos aventures.

D’abord le trajet. Vous aurez peut-être deviné, les voyages aux Philippines, c’est toujours un peu compliqué et ça prend du temps (enfin quand on est fauché et qu’on ne prend pas l’avion). Nous on était à Camiguin, plutôt au sud des Philippines, et on voulait rejoindre Donsol, plutôt au nord. Pour commencer, on avait intérêt à bien choisir notre jour pour quitter Camiguin : seulement 3 bateaux par semaine font la liaison avec Bohol. Arrivés à Bohol, le plan était de rallier Cebu city, ce qui en terme de transport donne ça : bus / jeepney / tuktuk / bateau. On avait entendu parler d’un bateau reliant Cebu City à Masbate, au nord, une fois par semaine, mais rien de moins sûr car les plannings changent tout le temps et la plupart des compagnies n’ont pas de site internet. On a tenté notre chance et on a gagné (sinon je ne vous raconte même pas le trajet auxiliaire). Après une nuit de plus en classe super Eco, au milieu des coqs et des poussins, on a débarqué à Masbate. De là, on a pris un tuktuk puis un bateau jusqu’à Monréal (non je vous assure on ne s’est pas perdus à ce point-là, il y a un Monréal aux Philippines aussi) sur Ticao Island. On avait repéré un super spot de plongé où on pouvait voir des requins baleines et des raies Manta au large de Ticao Island. Le seul hic c’est qu’il n’y avait pas l’air d’y avoir beaucoup d’infrastructures touristiques sur l’île (sauf un ressorte absolument hors de prix). Une fois n’est pas coutume, on s’est lancés à l’aventure en se disant que, vu le super spot de plongée, on allait bien trouver un hôtel pas cher et un petit divecenter qui nous emmènerait plonger là-bas. Cette fois on a joué et on a perdu. D’ailleurs on s’est vite rendu compte que ça sentait un peu le roussi à Monréal quand tous les enfants nous pointaient du doigt en criant “Américano” (et les adultes aussi en fait), ils n’avaient pas vraiment l’habitude des touristes ici. On a quand même réussi à trouver un hôtel où passer la nuit, mais on a du se résigner le lendemain matin à reprendre un bateau pour Donsol, une ville beaucoup plus touristique située à 2h de Ticao Islande.  Enfin Donsol, ça aurait été trop facile, le bateau nous a en fait emmené à Pilar, le port d’à côté. Ensuite il a fallu prendre un jeepney, qui était complet, donc on devrait plutôt dire : il a fallu monter sur le toit d’un jeepney, puis prendre un tuktuk pour arriver à Donsol. On a rapidement trouvé, avec l’aide des locaux, un hôtel en bord de plage très sympa et pas cher où se poser enfin. En effet si on résume, après avoir pris 5 bateaux, 1 bus, 2 jeepney et 3 tuktuk, soit environ 52 heures de voyage, on est arrivés à destination !

Ensuite la plongée. Vous l’avez compris, pour nous voir les requins baleine et les raies Manta dans une même plongée, c’était le rêve. Ce site existe bel et bien et s’appelle Manta Bowl. Arrivés à Donsol, on a donc réservé pour aller plonger là-bas le lendemain. Parallèlement à ça, on a décidé de prendre nos billets d’avion pour Kuala Lumpur et, question prix, c’est tombé 4 jours plus tard, ça nous laissait un peu de temps pour gagner Manille après notre plongée. En fait pas tant que ça. Après s’être levés à 6h du mat frais et pimpants pour la plongée, on nous a annoncé qu’elle était annulée à cause des mauvaises conditions météo sur le site. Trop impatients de faire la connaissance du plus gros poisson du monde, on a enchainé sur une ballade en bateau pour faire du snorkeling avec les requins baleines à 100 mètres à peine de la plage. La rencontre avec ces géants des mer fut incroyable : on essayait de discerner quelque chose au milieu de tout le plancton (c’est la base de la nourriture de nos grands amis), quand soudain la gueule d’un énorme requin baleine s’est dessinée juste en face de nous, il nous fonçait dessus ! On a pu nager avec 5 d’entre eux, grandiose. On va en profiter pour vanter les mérites de Donsol pour leur conduite avec les requins baleines. Ceux que l’on a vu au large de Donsol étaient complètement sauvages et migraient à cet endroit pendant la saison sèche. Les requins sont protégés et des conditions très strictes (enfin plus ou moins respectées) encadrent l’activité touristique. Contrairement à Oslob, situé à 2h de Cebu city, qui s’apparente plus à un parc d’attraction marin : les requins baleines y sont nourris et ne migrent plus, les touristes sont des centaines à patauger juste à côté d’eux. Bref, c’est pour ne pas encourager ce genre de pratique que l’on s’est fait 52h de trajet au lieu des 2 petites heures qui nous séparaient d’Oslob, mais quand on aime la nature, on se doit de la respecter aussi (on ne va pas se jeter trop de fleurs non plus, ne l’oublions pas il y avait le Manta Bowl aussi).

Le lendemain de nouveau levés à 6h, toujours frais et pimpants pour notre plongée. Cette fois c’était bon, on a essayé le matériel, chargé le tout sur les bateaux, le premier bateau est parti et… est revenu. Alerte de dernière minute des gardes-côtes, le vent était trop fort, c’était trop dangereux de plonger là-bas. Sauf que si vous suivez bien, ça commençait à sentir le roussi pour nous. Il fallait qu’on soit le surlendemain à Manille pour prendre notre avion, donc qu’on attrape absolument un bus de nuit le lendemain. Nos précédents échecs dans notre quête des raies Manta (à Camiguin mais aussi à Bali il y a 2 ans) ont renforcé notre décision : il fallait à tout prix rompre la malédiction des Mantas ! En attendant on a profité des alentours de Donsol. Un bateau nous a gracieusement déposé sur une petite plage déserte avec de beaux fonds marins à quelques kilomètres de là. La visibilité n’était pas au rendez-vous (mais les méduses si !) donc on ne s’est pas attardés dans l’eau, par contre la balade du retour sur la plage au rythme des villages de pêcheurs, des cris des enfants qui nous invitaient à jouer avec eux et des coquillages était très agréable. En fin de journée, un petit massage au bord de la plage, la peau chauffée par les rayons du soleil couchant, nous a aidé à évacuer tout ce stress accumulé…

3ème levé à 6h, on n’y croyait plus et pourtant… cette fois le bateau est bel et bien parti. Et on a vite compris pourquoi on n’a pas pu sortir les autres jours, les creux étaient impressionnants et on avait intérêt d’avoir l’estomac bien accroché (ça n’a pas été le cas de tout le monde dans le bateau d’ailleurs). C’était une plongée technique et le dive master ne nous a pas aidé à nous détendre : plus de 4 nœuds de courants, il fallait descendre vite, pas question d’avoir des problème de poids ou de décompression. Une fois en bas on devait s’accrocher à l’aide de crochets aux rochers pour nous maintenir dans le courant. Les sensations étaient irréelles : on avait l’impression d’être en apesanteur et de voler dans l’espace . Presque pas besoin de palmer, il fallait juste se laisser emporter par le courant pour avancer, (par contre on n’avait pas vraiment le choix de la direction!) et s’accrocher aux rochers pour mieux observer les alentours. A la première plongée, un énorme requin baleine est passé juste au dessus de nous : voir ce poisson de plusieurs tonne se mouvoir à la lumière de la surface était magique. A le deuxième plongée, nous avons bel et bien rompu la malédiction des Mantas ! Enfin c’était moins une. Je (Marie) trainais un peu derrière le reste de la palanquée qui commençait à faire son palier des 12 mètres, quand une ombre s’est détachée des profondeurs de l’océan. Au début j’ai eu l’impression que mon cerveau me jouait des tours mais non, une raie Manta d’au moins 3 mètre se dirigeait vers nous. Cette grâce, cette perfection de la nature, qui volait à quelques mètres de nous, c’est un moment inoubliable. Seul Christophe et un autre plongeur l’ont aperçue, le reste de la palanquée était déjà trop loin, il s’en est bel et bien fallu de peu. Le clou du spectacle c’était la troisième plongée. On a vu 8 requins Baleines. C’était surréaliste, il y en avait partout. On a failli rentrer en collision avec ces mastodontes plus d’une fois, tellement il étaient proches de nous. Ces 3 plongées, c’était un rêve éveillé qui nous accompagnera tout au long de notre vie. Même si on a galéré pour attraper notre bus pour Manille et qu’on a bien failli ne jamais avoir notre avion, on n’a à aucun moment regretté d’avoir tenté notre chance jusqu’au bout. Car quand on vit des moments comme ça, on a l’impression d’être à l’endroit exact où on devrait être et il n’y a rien de mieux que cette sensation d’être vivant en communion avec la nature.