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La terre de feu, c’est cette grande île au sud de la Patagonie, le bout du monde comme ils aiment l’appeler ici (même si on sait que c’est la Bretagne nous).

Nous avons débarqué à Porvenir vers 20h, après 2h de traversée pendant laquelle on a traqué les baleines en vain. Missions : trouver un hôtel pour la nuit et une excursion pour aller voir les manchots le lendemain. Nous qui pensions trouver sans trop de soucis, c’était avant d’avoir découvert Porvenir : petite bourgade déserte traversée par des vents frigorifiant. Les rares hôtels étaient trop chers et il n’y avait aucune agence de tourisme à l’horizon. La soirée progressait et le moral diminuait… c’était notre seule chance d’aller voir les manchots, le ferry repartait le lendemain soir à 20H. On a fini par aller frapper à cette vieille maison aux allures de maison hantée. On l’avait repérée sur la carte comme étant un hôtel mais l’absence d’indication sur sa devanture et son état nous avaient fait fuir. Et là la chance nous a souri. La propriétaire, qui n’avait plus de place, a appelé un copain qui louait des chambres de sa maison aux touristes. Il s’est trouvé que ce même copain, était aussi le mec qui vendait le thé et le café au parc national des manchots. En plus de nous fournir le logement pour la nuit, il nous a aussi proposé de l’accompagner avec lui le lendemain : missions réussies !

Des bourrasques de vent glaciales nous ont réveillées le lendemain matin et c’est en Renault Clio qu’on est parti à l’assaut des routes caillouteuses au milieu des landes désertes. Mais d’ailleurs vous vous êtes surement demandés comme nous, pourquoi ce nom, terre de feu ? Est ce à cause de la forme de l’île qui fait penser à une flamme? ou plutôt à toutes ces maisons calcinées que l’on a vues à Porvenir (ce qui explique qu’on était un peu réticents à mettre le chauffage en dormant…)? Ou bien  ces paysages ravagés par le vent où il n’y a pas le moindre arbre à l’horizon, comme si un incendie avait tout dévasté sur son passage. Surprenant au début, on y trouve un certain charme à s’y promener, l’endroit a vraiment des allures de bout du monde, on l’accorde aux Patagoniens.

La colonie de manchot qui a élue domicile ici est la seule colonie de manchots rois qui s’est établie en dehors de l’antarctique. Pour nous ça a été un coup de cœur de rencontrer ces souverains : la grâce de leurs traits et de leurs couleurs qui contrastent avec leurs mouvements désarticulés. On aurait pu les observer pendant des heures, d’ailleurs c’est ce qu’on a fait car on y a passé l’après-midi, le temps que notre hôte vende quelques boissons chaudes. Au fait, pingouins ou manchots ? On les a appelé pingouins pendant tout notre séjour en terre de feu car en espagnol, pas de distinction, ce sont des pingouins. C’est à notre retour à Punta Arenas qu’on a eu la surprise d’apprendre, grâce à internet, qu’on avait en fait observé des manchots : eux seuls peuplent l’hémisphère sud et ce sont d’excellents nageurs à l’instar des pingouins qui eux ont la capacité de voler.

Le soir notre gentil hôte pensait ne plus jamais nous revoir après nous avoir déposé au port. Mais c’était sans compter sur les caprices de la météo qui ont annulées notre ferry. Ni une ni deux, on est cette fois rentrés en stop à la ville et on est retournés directement à la maison hantée où on a pu répéter la même histoire que la veille. Au passage on a trouvé deux Chiliens qui étaient dans la même galère que nous et tout ce petit monde a pu trouver un lit pour dormir. Le lendemain le temps nous a permis de traverser jusqu’à Punta Arenas. Toujours pas de baleine à l’horizon mais cette fois-ci deux dauphins de Patagonie qui s’amusaient à l’avant du bateau. On s’est aussi un peu pris pour Baudelaire en admirant le vol des albatros au dessus de la mer.