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Pour rejoindre le sud de la Jordanie, 3 possibilités s’offraient à vous : l’autoroute qui traverse le désert, rapide mais peu intéressante. La route qui longe la mer morte, déjà ça donne un peu plus envie. Et enfin la route des rois, là ça piquait carrément notre curiosité. Comme on n’avait pas envie de louper la petite baignade dans la mer morte, on a décidé de naviguer entre les 2 routes tout en faisant des petits stops dans les coins intéressants. 

A vrai dire on avait plutôt prévu de faire l’impasse sur la première étape, le mont Nébo. Cette petite colline a été rendue célèbre par Moïse (le vrai ! Et oui il ne faut pas oublier qu’Israël est à quelques kilomètres à peine, et que la Jordanie est en partie en terre sainte). Ce serait perché à son sommet qu’il aurait contemplé la « terre promise » et y serait mort à l’âge de 120 ans. Autant vous dire que n’étant pas croyants, ce genre de lieu ne nous motivait pas plus que ça. Et vous allez vous moquer, mais la visite n’était pas incluse dans le « Jordan pass », ce ticket qui sert à la fois de visa pour l’entrée dans le pays mais qui donne l’accès gratuit à une bonne partie des lieux touristiques. On avait déjà tellement à visiter que l’on avait choisi de ne pas y aller. Mais Moïse, où je ne sais qui, en avait décidé autrement !  En fait on est tombés dessus par hasard sur la route en s’arrêtant prendre des photos de la vue, avant de se rendre compte qu’il y avait un peu trop de cars de touristes dans le coin. On a donc décidé d’aller voir ce qui se passait. Voilà comment on a fini par découvrir les magnifiques mosaïques byzantines de l’église perchée à son sommet. Finalement on n’a été déçus de la visite. 

Pour continuer dans la thématique mosaïques, on a poursuivi avec la visite de la ville de Madaba. Cette ville était une mine d’or archéologique entre ses vestiges romains, ses villas, palais et églises ornées de mosaïques byzantines. On lui donne d’ailleurs le surnom de la « cité des mosaïques », et à juste titre car elles étaient nombreuses et certaines très bien conservées. Cette petite halte parmi la civilisation a été aussi l’occasion pour nous de goûter à un plat typique de Jordanie : le mansaf. Il est composé de viande, de riz et dune sauce à base de yaourt fermenté. Bon ça c’est fait, on l’a goûté, mais une fois suffira ! 

Nous avons ensuite quitté brièvement la route des rois pour aller faire un plouf dans la mer morte. Enfin un plouf… difficile quand on flotte littéralement à la surface !  C’était amusant d’essayer de faire des longueurs avec les pieds hors de l’eau, ça marchait beaucoup moins bien. Dommage que le seul endroit aménagé consistait en une série d’hôtels de luxe autorisant l’accès à leur plage privé contre une rondelette somme. Nous avons préféré nous arrêter en bord de route comme d’autres locaux. Armés de bouteilles d’eau pour se rincer, c’était une autre expérience que les hôtels 5 étoiles !  C’était vraiment sympa, dommage que comme dans tout le reste du pays les bords de la mer morte étaient jonchés de déchets. 

Après cette petite baignade saline nous avons rejoint de nouveau la route des rois pour visiter le château de Kerak. Perché sur une colline à 900m d’altitude, il en imposait dans le paysage. La visite était assez étonnante car il n’y avait aucuneexplication, ni éclairage, ni balisage. On se promenait à notre guise au milieu des ruines armés de notre portable en mode lampe torche, tantôt dans des couloirs sombres, tantôt dans des petites pièces cachées. Le site était énorme et il était difficile de ne pas se perdre. 

On doit aimer les extrêmes car à peine 1 semaine après avoir côtoyer les géants de l’Himalaya, nous sommes allés au point le plus bas sur terre : -400 m sous le niveau de la mer ! Il y avait même un musée, bien plus joli de l’extérieur que de l’intérieur, pour marquer le coup. Vous l’avez compris, on était de retour sur la route de la mer morte, cette fois-ci pour visiter les wadis.

Les wadis ce sont des canyons creusés par la rivière où l’on peut randonner à l’ombre, à la fraîche. Nous avons préféré explorer des wadis « cachés «  plutôt que de payer 30€ chacun pour randonner au milieu des autres touristes, mais il faut avouer qu’ils n’étaient pas du tout évident à trouver. Pour trouver l’entrée du premier, le wadi Numeira, il fallait quasiment entrer au milieu d’un camp de bédouins. D’ailleurs les locaux pique-niquaient tranquillement à côté de leur 4×4 dans le canyon et ont été ravis de nous accompagner tout au long de la rando. Les parois orangées sculptées par l’eau n’étaient pas sans nous rappeler celles d’Antelope canyon aux USA. C’est là que l’on s’est rendu compte que ce pays recelaitencore pleins de trésors à découvrir. Nous avons exploré un deuxième wadi, le al Hasa, un peu plus grand et plus fréquenté que le premier. Mais la grande différence était que la rivière était bien plus importante dans celui-là et l’essentiel dela rando se faisait dans le lit de la rivière. C’était un tout autre spectacle avec cette eau scintillante qui mettait encore plus en valeur les parois ocres striées. Encore une fois, et pour les 2 wadis, on n’a pas pu s’empêcher de se désoler quand à la quantité de déchets abandonnés par les locaux. Les jordaniens ont la culture de la vie en extérieur mais pas du tout celle du respect de la nature et ça ne les dérange absolument pas de pique-niquer au milieu des ordures puis d’ajouter leur pierre à l’édifice à la fin du repas. Heureusement à partir du moment où la gorge était trop étroite pour que les 4×4 circulent, la pollution était moins présente.  

Pour poursuivre sur notre lancée de randonnées, nous sommes aller nous dégourdir les jambes dans la vallée de Dana (en fait le nom exact est la réserve de Dana mais on n’a pas pu s’empêcher). On a été étonnés de découvrir qu’il pouvait faire froid en Jordanie et on a été obligé de ressortir gants, bonnets et doudounes enfouis au fond des sacs pour affronter notre nuit en bivouac. 

Rien de tel pour se réchauffer que randonner : les paysages étaient magnifiques et le statut de réserve nous a permis d’en profiter sans trop de plastique. Notre seul regret est de ne pas avoir vu d’animaux, la réserve étant réputée pour abriter plusieurs espèces endémiques ou menacées et de pouvoir les observer. On ne sait pas trop ce qui leur est arrivé, on espère simplement qu’ils préfèrent rester à distance des humains. 

La fin de notre épopée sur les traces des anciens rois était proche car nous nous approchions de plus en plus du désert entourant le site de Petra. Un dernier petit arrêt pour visiter le krak de Montréal, un autre château bâti cette fois par les croisés, et nous avons entamé notre descente de la montagne en direction du joyau de la Jordanie.