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L’Équateur est un tout petit pays mais avec de multiples facettes. Après avoir gravis les sommets andins, plongés avec les requins marteaux aux Galapagos, nous sommes partis à la recherche de l’Anaconda dans la forêt amazonienne. 

Pour s’immerger au cœur de la forêt amazonienne primaire nous avons choisi de passer 4 jours au Guacamayo lodge dans la réserve de Cuyabeno. 

Mais avant de trouver la paix au milieu de la forêt, il nous a fallu expérimenter les transports équatoriens : le bus de nuit de Quito à Lago Agrio (ou plutôt les bus de nuit quand on se trompe de bus, comme nous ! ), le taxi, un autre bus et enfin la pirogue. La pirogue c’était quand même ce qu’il y avait de plus fun (même si le fait de descendre du bus allant à Lago Agrio à 00h, en reprendre un autre pour finalement revenir dans le bus initial à 5h peut être rigolo à raconter mais moins à vivre sur le coup) . A bord de notre embarcation on en prenait déjà pleins les yeux avec les arbres immenses, les lianes qui dégringolaient dans la rivière, les papillons et oiseaux multicolores, les différentes espèces de singes et de paresseux.  On n’était pas encore arrivés au lodge que l’on savait déjà différencier les singes écureuils, des capuccinos, des singes araignées ou des singes à poils longs. 

Le séjour consistait à se faire bichonner au lodge entre 2 excursions dans la jungle. En plus de ça, on retrouvait les copains que l’on s’était fait au Galapagos : François et Sylvain. Donc vous pouvez ajouter à ça apéros, jeux de société et fous rires. Autant vous dire que l’on a adoré cette escapade en Amazonie. 

Chaque matin on commençait notre journée par grimper dans la tour d’observation des oiseaux pour regarder les oropendulas construire leurs nids complexes, écouter les « kassike » chanter l’arrivée du soleil, dire bonjour au rapace qui nichait à côté ou chercher le couple de toucans qui avait l’habitude de venir nous faire un coucou entre 7h et 7h30.

Après le petit dej, on partait à la recherche des animaux dans la jungle : à pied, en canoë ou en pirogue à moteur. Heureusement nous étions accompagnés de William, notre guide qui savait user de toutes les combines possibles pour arriver à nous faire réaliser que ce qu’on avait pris pour un bête nid à travers le feuillage était en fait un paresseux. Les singes étaient plus facile à repérer avec la pluie de feuilles et de branches qu’ils déclenchaient sur leur passage. Les oiseaux étaient aussi nombreux que variés : hérons, perroquets, pics, toucans, cormorans,… et bien d’autres encore dont on a oublié le nom. Plus rare, on est tombés sur un capybara , une sorte de cochon d’Inde géant. 

En forêt, il nous a montré ces fameuses « bullet ants », leur piqûre étant réputée comme aussi douloureuse que de recevoir une balle, heureusement, on n’a pas vérifié. Ou encore les champignons zombies qui prennent le contrôle du cerveau des fourmis puis s’en servent pour se multiplier. On a aussi appris à reconnaître les arbres dont les locaux extraient le curare ou l’ayahuasca. Il nous a aussi mis le nez sur une grenouille que l’on aurait jamais vu sans son aide, son mimétisme avec une feuille morte était bluffant. Enfin sa longue vue était bien utile pour détailler les oiseaux perchés dans les arbres.

Le plus rigolo était peut être la balade de nuit. Enfin rigolo, voyez ça plutôt comme du sarcasme. Car entre les araignées bananes, les mygales et les araignées aquatiques, pour une arachnophobe comme moi, je peux vous dire que j’ai été servie. Le plus flippant c’est que, pour deux d’entre elles, Sylvain et François on failli mettre la main dessus. Je n’ose même pas imaginer toutes celles qui sont passées à moins d’1m de ma tête. En tout cas c’était vraiment l’heure des insectes : phasmes, sauterelles, criquets ou libellules géantes étaient de sortie. On s’est bien amusés à les débusquer à la lampe torche. Il y avait moins de gros animaux qu’en journée. On a vu un singe nocturne et Tof a quand même failli écraser un énorme crapaud buffle qui doit être encore complètement traumatisé. 

Mais le Cuayabeno a la particularité d’être une forêt inondée avec de multiples lacs et rivières, ce qui nous procurait un autre terrain de jeu. On a eu la chance d’apercevoir des dauphins roses et des loutres géantes d’Amazonie (qui font quand même jusqu’à 3m). Notre guide nous a également enseigné la pêche aux piranhas qui consistait à agiter un petit morceau de bœuf cru dans l’eau. C’était efficace, en moins de 30s on avait déjà notre repas. On a moins fait les fiers quand, juste après nous avoir fait la démonstration de l’efficacité de sa dentition acérée sur une malheureuse branche, le carnivore s’est échappé dans le bateau. A la nuit tombée c’étaient les yeux des Caïmans et des boas que l’on voyait briller dans le noir grâce à la lampe torche. Malgré tout ça, on faisait assez confiance à notre guide pour aller tester la température de l’eau quand il nous a dit qu’on pouvait se baigner. Et pourtant sa couleur était aussi noire qu’une tasse de thé, impossible de voir le moindre prédateur s’approcher. Étonnamment on est tous remontés avec nos dix orteils.  

Mais pour avoir une expérience Amazonienne complète, il ne fallait pas manquer la visite du village indigène. Le peuple qui habite la région s’appelle les Sionas. Il est d’usage que le capitaine de la pirogue nous emmène à son village où tous les touristes se retrouvent à fabriquer le même pain traditionnel à base de manioc et à écouter le chaman en échange d’une dizaine de dollars. On n’est jamais très fans de ces échangent sous formes d’attraction touristique mais le fait d’être entre copains a rendu le moment bien plus amusant. On se souviendra du chaman fouettant avec une ortie, le dos du pauvre Philippe qui ne se plaignait à l’origine que d’un banal torticolis et qui s’est retrouvé avec une éruption brûlante sur le cou à la place. Mais aussi de mon doigt qui n’a pas apprécié d’être pris pour du Manioc quand on le râpait pour en faire de la farine. 

C’était incroyable de découvrir ce milieu si riche en faune et en flore et on a adoré cette expérience hors du temps dans cet environnement. Mais par-dessus tout ce sont les moments entre amis qui ont fait que l’on gardera un souvenir particulier de cet endroit. 

Notre seul regret de l’Amazonie aura été notre vaine quête de l’Anaconda, et pourtant il n’était pas si rare dans ce coin d’Amazonie. Il faut bien en garder pour la prochaine fois quand on reviendra !