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Cette fois c’est un visage complètement différent de la Colombie que nous avons découvert. Enfin plutôt des visages. Ceux d’enfants qui font des barrages de fortune le long des pistes de sable pour réussir à grappiller quelques paquets de gâteaux pour survivre. Parfois c’étaient de simple cordes nouées entre elles, parfois c’étaient des câbles ou des chaînes, mais toujours ces même petites mains tendues et ces sourires à la vue de leur offrande. 

Le désert de la Guajira est situé au nord est de la Colombie, tout proche de la frontière avec le Venezuela. Les gens qui vivent là sont les Wayúu. Ils ne parlent pas espagnol mais un dialecte local. Ils vivent dans des cases en terre, dans un désert battu par le vent où rien ne pousse. Ils ont quelques chèvres, parfois un bateau pour pêcher du poisson mais subsistent surtout en mendiant le long de la route ou en vendant des sacs tissés. Il n’ont ni électricité, ni eau courante, ni routes goudronnées. Ils sont totalement isolés et on a vraiment eu l’impression de découvrir un autre pays en venant ici. 

Les paysages n’avaient non plus rien à faire avec ce qu’on avait vu jusqu’ici en Colombie. Au programme : sable ocre et eaux turquoises. C’était magnifique. Malheureusement on pourrait ajouter à ce paysage enchanteur : champs de plastique. Plus qu’ailleurs en Colombie la pollution était omniprésente. 

La plupart des touristes viennent à Cabo de la Vela, petite ville côtière située dans la partie basse du désert, pour faite du kite surf. C’est vrai que les conditions semblaient optimales : vent constant, eau chaude et de faible profondeur. Regarder les kite surfeurs chaque jour s’entraîner devant l’hôtel, nous a bien donné envie d’essayer à notre tour, mais on aurai jamais deviné qu’on pouvait payer les cours par carte bancaire et on n’avait pas assez de liquide sur nous. A la place on s’est promenés dans le désert à pied jusqu’aux différentes plages. 

D’ailleurs, notre hôtel était avant tout une école de Kite mais après avoir visité pas mal de lieux différents en ville, on peut dire que c’était la perle rare. Il était situé un peu à l’écart de la ville, en bord de mer, le cadre était superbe. On s’est immergés au plus proche de la culture locale en dormant dans des « chinchorros ». C’étaient des sortes de grands hamacs avec des bords sur les côtés permettant de s’enfermer complètement dedans pour se protéger des mouches en journées et des moustiques la nuit. On y a très bien dormi à se balancer au rythme des vagues. 

Au nord de Cabo de la Vela se trouve la Guajira Alta, la partie la plus isolée du désert mais aussi plus belle. Ici les dunes de sable ocre dévalent jusqu’à l’océan. On y trouve aussi le point le plus au nord d’Amérique du sud : Punta Gallenas. Pour atteindre cette partie encore plus reculée c’était une expédition. D’abord il fallait prendre un 4×4 pendant 3h sur des pistes défoncées en s’arrêtant régulièrement aux barrages tenus par les enfants. Notre chauffeur avait prévu le coup en apportant des provisions de gâteaux et de café qui nous servaient de laisser-passer. On en a bien passé une quarantaine, parfois on s’arrêtait même tous les 5 mètres tant ils étaient rapprochés. Ça marque de voir ces enfants, certains marchant à peine, passer leurs journées en plein soleil pour survivre au lieu d’aller l’école. 

Ensuite on a pris une barque de pêcheur en chargeant nos sacs directement sur des filets de pêche encore humides et enfin on finis le trajet chargés à l’arrière d’un camion à bétail avec une raie à peine pêchée. Et ben ça valait le coup !  Tant le trajet en lui-même qui était une expérience dont on se souviendra, que les paysages singuliers que cache ce recoin isolé.