Nous avons très vite filés vers les grands espaces, direction la petite ville de Cascade Lockes, point de passage du fameux Pacific Crest Trail (PCT, Trek de 4240 Km de la frontière Canadienne à la frontière Mexicaine). Plutôt que de parcourir le PCT en ligne droite nous avons préféré faire une boucle à partir de Cascade Lockes d’environ 70km. Sur 5 jours ça nous faisait environ 15 km/ jour parfait pour nous remettre en jambes et tester nos conditions avant le JMT sans trop s’épuiser non plus.
Et heureusement qu’on a fait ce trek !
Le premier soir, au moment de mettre la tente, notre arceau a volé en éclats. Pour la deuxième fois depuis le début du voyage l’élastique qui le maintenait nous a lâché. On a réussi à le réparer mais ça nous a fait prendre conscience qu’on devait absolument avoir un élastique en rab pour le JMT car il devient trop usé. L’autre partie qu’on avait réparé avec du scotch et une ficelle semble tenir le coup. Décidément on ne la ménage pas notre pauvre petite tente.
Le lendemain matin nous avons voulu faire le plein d’eau à la rivière et on s’est rendu compte que notre filtre était moisi… c’est la deuxième fois que ça nous arrive, il n’y a plus rien à faire à part le jeter. Il nous restait 2 solutions : prendre le risque de boire l’eau telle qu’elle ou la faire bouillir. Le soucis c’est qu’on avait seulement une toute petite bouteille de gaz, les plus grandes étaient en rupture de stock, ça risquait d’être juste pour finir le trek. On a donc commencé à la boire…pendant environ 2h. Ensuite on l’a fait bouillir. Je vous passe les détails mais nos bidons n’ont pas sembler apprécier la décision. (Vous vous souviendrez de ce moment ? Celui de la bonne idée de faire bouillir notre eau avec la petite bouteille de gaz ? Ça pourra servir pour la suite du récit… )
Assez parlé de nos petites galères ( même si ça donne un peu de croustillant au récit ! ), parlons un peu de la rando.
Le premier jour on a suivi la rivière Eagle Creek, une rivière à saumon qui se jette dans la Columbia River. On a marché une dizaine de kilomètres avant de trouver de justesse un lieu de bivouac avant la tombée de la nuit. Ça non plus ce n’était pas prévu d’ailleurs, je refais une petite digression. On est arrivés à Cascade Lockes vers 17h et on devait marcher 5km puis dormir dans un camping à 15 dollars la nuit avant le début de la rando. Mais arrivés une fois là bas, le camping était miteux, simplement des emplacement en terre avec des toilettes en piteuses état, pas de douche, les gérant étaient limite odieux, personne ne pouvait nous rendre la monnaie sur 20 dollars,.. On a décidé qu’on serait bien mieux dans la nature. Le prochain lieu de bivouac authentifié sur notre carte était 8km plus loin. La nuit commençait à tomber et le sentier était à flanc de falaise avec la rivière en contre bas dans une forêt de pins. Un peu vertigineux mais très joli, on avant juste pas très envie de le parcourir de nuit à la frontale. En tout cas aucun moyen de mettre la tente. On a marché au pas de course, tellement vite que j’ai malencontreusement trébuché sur un serpent (pour la deuxième fois de ma vie d’ailleurs !), il a eu plus peur sur moi, le pauvre, c’est Christophe qui me l’a fait remarqué je ne l’avais même pas vu. A ma décharge le ciel commençait à s’assombrir… hourra on a trouvé une zone un peu plus dégagée où on a pu mettre la tente ! Le reste vous le connaissez déjà, l’arceau qui lâche ect… mais maintenant vous visualisez mieux le contexte.
Le lendemain le sentier longeait plusieurs cascades. Certaines formant des bassins encaissées, d’autres une succession de chute d’eau. La plus impressionnante était haute d’une vingtaine de mètres et le chemin avait été creusé dans la roche derrière la cascade. Comme on était en rade d’eau à ce moment-là, on y a rempli nos gourdes en tendant le bras (ce qui a permis de nous laver tout habillés également !). Nous marchions dans une forêt qui avait subit un incendie quelques années auparavant. Les immenses troncs complètement nus donnaient une ambiance singulière mais magnifique. Parfois on croisait des écorces calcinés qui tenaient encore debout miraculeusement.
Nous nous sommes arrêtés assez tôt le deuxième jour car nos bidons n’étaient pas au mieux de leur forme et ça tombait plutôt bien car il a plu quelques gouttes. Ça faisait depuis notre départ qu’on avait pas vu la pluie ! C’était plutôt chouette de l’entendre bien à l’abris dans notre tente.
Les jours suivants le chemin grimpait dans la montagne jusqu’à un lac d’altitude : le Wahtum lake. Christophe en a profité pour faire quelques brasses, l’eau était gelée ! Les lieux faisaient échos aux paysages Canadiens : lacs aux eaux turquoises entouré de pins. Après tout on était pas si loin de la frontière. C’était très paisible, on a beaucoup apprécié le moment.
Un jour sans galère c’était trop ! On a donc décidé de rattraper le temps perdu le lendemain. Qu’est ce que vous préfériez, avoir faim ou avoir soif ? Avec Christophe on n’est pas d’accord, du coup on a décidé de ne pas faire de jaloux.
On est d’abord tombé en rade de gaz. Vous l’aviez vu venir… qui dit plus de gaz dit plus de nourriture. Ça c’est mon stress. C’était le midi du 4e jour, il nous restait normalement 2 jours et demi de rando. On a mangé notre dernier riz/lentilles à moitié cuit et on a décidé d’accélérer pour finir le lendemain.
En même temps pas de regret car ensuite on est tombé en rade d’eau. On aurait de toute façon pas pu cuir grand-chose. On a rempli une dernière fois nos réserves dans un lac le matin en se disant que cette eau là serait bouillie en cuisinant, seulement on n’a plus croisé aucune source d’eau ensuite. Les rivières étaient asséchées. Ici les stigmates du feux étaient encore bien présents et la progression était difficile au milieu des débris de bois morts et des herbes hautes. On s’est donc rationnés et on s’est resolu à boire l’eau du lac non filtrée en croisant les doigts de ne pas tomber malade.
Un petit point sur nos réserves ce soir là : 4 barres de céréales, quelques cacahuètes et à peine un litre d’eau pour 2. Et du riz cru !
Le lendemain on a commencé les 18km qu’il nous restaient la bouche sèche et le ventre vide.
Mais miracle au bout de 6km, grâce à la persévérance de Christophe (si vous ne l’aviez pas encore deviné lui préfère avoir faim et moi l’inverse !), et à la super application Maps.me (on ne compte pas les fois où elle nous a sauvé la vie ! ), on a trouvé une source. Elle était en plein milieu des bois et Christophe l’a débusqué à l’aide du GPS de l’application : un tout petit tuyaux qui donnait sur une flaque au milieu des ronces, le bonheur !
Un problème de résolu ! J’ai eu le droit à une barre de céréale pour fêter ça ! Ensuite j’ai du grogner un peu quand le chemin montait trop pour avoir droit aux cacahuètes et à la deuxième barre de céréales. La fatigue aidant j’ai marché pour la troisième fois de ma vie sur un serpent ( Christophe pense que c’est un reccord mais moi je dirais que ça arrive à tout le onde non ?), heureusement ils n’ont jamais été méchants question représailles. On a fini par arriver à la ville vers 15h après 18km de marche. Ce n’est pas tant la faim le soucis dans ces cas-là. À vrai dire on ne la ressent même plus. C’est vraiment un soucis d’énergie. On est faibles et les jambes refusent d’avancer, les montées, mêmes les plus petites, sont un calvaire. Ça nous a aussi permis de nous rendre compte qu’on n’avait pas prévu assez de nourriture pour le John Muir Trail et qu’il fallait qu’on revoit nos besoins quand on marche avec 15 à 20kg sur le dos.
Donc on résume au final on a constaté qu’il nous fallait : un nouveau filtre, plus de gaz, plus de bouf et un élastique pour la tente. C’était instructif cette petite rando !