Après notre trek nous avons passé 2 jours dans la petite ville de cascade Lockes. Nous avons trouvé un camping qui faisait une offre pour les Backpakeurs il y en a beaucoup en saison avec le PCT (Pacifique Crest Trail) . On a eu de la chance de s’y trouver les 2 derniers jours avant la fermeture saisonnière. Ils avaient mis en place une boîte où les trekeurs pouvaient laisser des affaires dont ils n’avaient plus besoin pour les suivants. C’était comme ouvrir un coffre aux trésors ! Et on a été servis. On a trouvé 2 filtres, une fin de bouteille de gaz et des restes de nourritures lyophilisée (non identifiée pour la plupart, ce qui peut donner un peu de piment aux expériences culinaires ! ). On n’a pas hésité à se servir car comme on était les derniers à passer, ce qui restait serait probablement jeté. Il y avait aussi toute sorte de produits de soins, des vêtements,… très utile !
C’est toujours un bonheur après un trek de savourer la première douche, de laver ses vêtements, de se rendre dans un magasin. Nous aimons ces moments loin de tout confort qui nous font encore plus l’apprécier au retour, sinon avec habitude, on ne se rend même plus compte de la chance que l’on a.
On en a profité pour découvrir la gastronomie locale. Il y a beaucoup de brasseries locales autour de Portland, et leur bière était très bonne. On a aussi goûté leur saumon fumé, on a été un peu déçu car il était cuit et donc plutôt sec. On a aussi fait un maximum d’efforts pour reprendre des forces à base de burgers et de glaces.
C’était aussi le retour à la connexion au reste du monde et on s’est remis à la planification de notre JMT ( John Muir Trail) .
On a commencé à se rendre compte que c’était utopique, et presque inconscient, de porter 24 jours de nourritures dans un trek aussi exigent. On a donc décider de chercher des solutions.
On a de nouveau posté un message sur le groupe Facebook pour nous aider à y voir plus clair. En effet quasi tous les refuges avaient fermés prématurément pour la saison à cause des feux et c’était très difficile d’avoir une idée des solutions restantes pour se réapprovisionner. On a été extrêmement surpris et touchés par les réponses. Deux inconnues se sont mis en tête de nous aider à tout pris quitte à nous acheter de la nourriture et nous la déposer quelque part ! Aux États-Unis ces personnes qui aident les trekkeurs ont un nom, on les appellent les « trails angels », on n’aurait pas trouvé meilleur nom. Finalement comme les routes étaient aussi fermées à cause des restrictions et les distances très longues, elles nous ont préparé un énorme colis de nourriture (surtout à partir de ravitaillements non réclamés suite aux annulations de permis) que l’on pourrait récupérer le 3eme jour du trek. C’est tellement incroyable cette générosité, cela nous a touché droit au cœur. On espère pouvoir la transmettre un jour à notre tour.
Il restait encore le soucis des 19 jours restant. Nous avions déjà acheté une bonne partie de la nourriture car nous avions initialement prévu d’envoyer le colis à notre arrivée à Los Angeles. Quand on a complété ce qui manquait (soit environ une centaine de barres de céréales ! ), on a réalisé que ce serait non seulement impossible de tout porter, mais encore plus de rentrer tout ça dans les fameuses boîtes à ours. Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parlé, ce sont des boîtes en plastique où l’on doit placer toute notre nourriture et nos produits de soins, puis la nuit venue, les laisser assez loin de la tente pour que les ours ne viennent pas nous prendre pour leur dîner. A ce moment-là nos sacs faisaient respectivement 18 et 24 kg, impossible d’y ajouter le poids des 2 boîtes à ours et le colis de nourriture du 3ème jour.
On a finalement réussi à contacter le ranch où l’on devait initialement envoyer de la nourriture et miracle ils restaient ouvert jusqu’au 30 septembre ! Soit exactement le jour où on était supposé passer par là. Normalement ils demandent 3 semaines de délais pour avoir le temps de récupérer le colis, il nous restait un peu moins de 2 semaines. « ce serait possible que ça arrive à temps, si on le postait le jour même » selon leurs termes. De toute façon ce n’est pas comme si on avait d’autres option donc on a décidé de tenter le coup.
Pour leur envoyer un colis, il y a toute une procédure. D’abord trouver un sceau en plastique avec un couvercle (ils transportent les colis à dos de mules puis les stockent dans le refuge au milieu des souris et des ours donc c’est un moyen efficace qu’ils ont trouvé pour récupérer la nourriture en bon état). Sur leur site il était écrit que les restaurants en avaient souvent en rab car c’était comme ça qu’étaient conditionnés certains ingrédients. Nous voilà donc partis avec Christophe à faire la tournée des restos du coins et essayer de transmettre notre requête dans un anglais approximatif. Autant vous dire qu’au bout d’1h on a décidé de trouver un moyen d’en acheter un. Mais en route vers le magasin (qui était quand même très loin, rappelons que nous sommes piétons), on est tombé sur un food truck avec en dessous des sceaux comme on recherchaient. Le patron a été adorable et nous a donné notre précieux sésame.
Il nous restait à préparer le colis puis le poster à UPS qui fermait 1h plus tard. Mais avant ça, il fallait encore remplir le formulaire en ligne et payer le refuge (85 dollar pour qu’ils prennent en charge le colis). Mais au moment de payer, impossible, notre carte bancaire ne passait pas. Malheureusement le refuge était déjà fermé. On était très déçus. Après les heures passées à chercher le fameux sceau, l’espoir qu’on avait de pouvoir réaliser notre trek, on était si proches du but !
Le lendemain on a attendu avec impatience qu’ils consultent leurs mails et qu’ils nous répondent. Ils ont été très réactifs et très compréhensifs : ils nous ont proposé de les payer directement sur place et d’envoyer notre colis à la poste de Merced quand on y serait le lendemain. On a repris espoir.
Une chose est sûre si on complète ce trek on pourra dire que c’est une belle victoire collective et on aura énormément de monde à remercier. On pourra aussi être fiers de notre persévérance après tous les obstacles qui se sont dressés devant nous.
En attendant on croise les doigts :
- pour que le permis ne soit pas de nouveau annulé
- pour envoyer sans soucis notre colis à la poste de Merced
- pour ensuite réussi à avoir le dernier bus de la semaine qui nous conduira au départ du trek
- pour récupérer le premier colis de nourriture préparé par nos « trails angels »
- pour que notre colis arrive à temps au refuge
- Et pour réussir à avaler les kilomètres et le dénivelés pour être à temps au refuge !
La logistique est déterminante dans la réussite d’un trek de été envergure. Bravo pour votre ténacité.