On vous l’avait présagé dans l’introduction, et ça s’est confirmé, la découverte de ce petit pays a été une agréable surprise. Il faut le dire, à chaque fois on se renseigne un peu avant d’arriver dans un nouveau pays et on vient forcément avec des préjugés. Cette fois ci, aucun des aspects négatifs du pays ne s’est vérifié.
On avait rencontré un touriste en Jordanie qui nous avait dit que l’Ouzbékistan était « le pire pays » qu’il avait fait en matière de gastronomie. Les ouzbèkes utilisaient beaucoup l’huile de coton qui n’était pas digeste, les plats étaient très gras avec beaucoup de viande, et peu variés. Et bien on a le plaisir de constater que la Colombie est toujours indétrônable sur ce plan-là ! On n’a pas passé assez de temps en Ouzbékistan pour goûter à tous les plats mais on a mangé quelques très bonnes spécialités comme les brochettes au barbecue, le Shivit-oshi (nouilles à l’aneth) ou le lavash. Il y avait certes des choses qui nous ont moins plues comme le fromage sec en boules (peut-être parce qu’on s’attendait à quelque chose de sucré ! ) ou les chuchvaras (raviolis baignant dans un bouillon gras). Sans oublier que les ouzbèkes ont le bec sucré, pour notre plus grand bonheur. Chaque petit dej était accompagné de bonbons, de chouchous,… et il est impossible de se trouver à plus de 500m d’un vendeur de glace dans ce pays, on en a bien profité ! Côté boisson, le thé est encore une fois la boisson nationale, mais ils préparent aussi de délicieux cocktails à base d’herbes fraiches, de fruits et de sirop, très rafraîchissant quand il fait 35°.
On pensait aussi aller dans un pays relativement pauvre et peu développé. On avait lu qu’il n’y avait aucun distributeur à part un ou deux à la capitale et que l’on se retrouverait avec des liasses de billets car la monnaie avait dévalué et le président refusait de l’admettre. Et bien les choses ont beaucoup changées. On a trouvé des distributeurs partout et de nouveaux billets de grosses coupure ont été imprimés. Sur la même veine, on s’attendait à des infrastructures mal entretenues, à un réseau de transport peu fiable et performant… pas du tout ! Le réseau de train est bien développé et les trains sont très confortables, ce qui en fait un moyen vraiment agréable de se déplacer dans le pays, tout en étant très abordable. Petit fait surprenant concernant les moyens de transports, les ouzbèkes ont tous des Chevrolets blanches ! Que ce soit les voitures, les trains ou les bus, tous circulent au gaz, il y a donc très peu d’émissions de particules dans l’air et c’est très agréable.
À notre plus grande surprise, on ne s’attendait pas à trouver un pays aussi « soigné ». Ça faisait plusieurs semaines que l’on enchaînait les désillusions en matière de pollution et cet aspect est devenu primordial maintenant pour nous en ce qui concerne l’image que l’on gardera des lieux. A chaque fois c’était la même rengaine, le pays est trop pauvre pour penser à l’écologie, les gens ont d’autres priorités et ne sont pas éduqués. On était loin de penser qu’on allait trouver une vraie conscience écologique en Ouzbékistan où les gens ne roulent pas sur l’or, entourés de géants comme la chine et la Russie qui ne sont pas les mieux placés dans la matière. Il n’y avait quasiment jamais un déchet par terre, l’air n’était pas contaminé par les gaz d’échappement, il y avait des poubelles à recyclage dans les rues… une véritable bouffée d’air frais pour nous !
D’ailleurs l’impression de propreté ne s’arrêtait pas à la pollution mais à l’ambiance entière des villes. Il y avait tout le temps de larges avenues piétonnes et de nombreux espaces verts qui en faisaient des endroits très agréables où se balader. Les monuments historiques étaient restaurés et entretenus, ce qui décuplait l’émerveillement que l’on pouvait ressentir en les découvrant.
On a eu un véritable coup de cœur pour l’architecture ouzbèke et le soin qui était apporté jusque dans les moins détails : les portes en bois sculptés souvent pluricentenaires, les fenêtres ornées de ventaux ouvragés, les céramiques explorant les différentes teintes de bleues recouvrant les toits et les façades, les plafonds illuminés de peinture et de feuilles d’or,… L’ensemble produisait une fabuleuse harmonie de formes et de couleurs qu’on ne se lassait pas de découvrir. C’est un pays extrêmement riche sur le plan cultuel et historique. Un véritable berceau de l’éducation avec ses nombreuses medressas, sortes d’universités, dont la réputation rayonnait dans tout l’Orient, jusqu’en Europe. Le pays est fier de cet héritage et sait en prendre soin, pour notre plus grand plaisir.
Une autre grande richesse de ce pays était aussi son peuple. Les échanges ont été assez simples car l’anglais n’est pas une langue rependue, ils apprennent déjà le russe et l’ouzbeke, ce qui est déjà pas mal, mais nous on ne les pratique pas. Cependant l’essentiel a été transmis : beaucoup de générosité, de curiosité bienveillante envers les étrangers, d’envie de partage et de faire plaisir. On a pris d’innombrables photos avec les locaux qui étaient ravis de voir des gens aussi exotiques que nous. On a aussi rencontré bon nombres de personnes talentueuses : artisans, artistes, danseurs, musiciens,… on espère qu’avec le développement et l’ouverture du tourisme, ces talents continueront à perdurer.
Bon il faut quand même le dire mais derrière cette belle façade se cache un gouvernement très austère, une véritable dictature. Même si les choses ont beaucoup évoluées ces dernières années avec un nouveau président qui a le souhait d’ouvrir son pays au reste du monde et au tourisme. On l’a ressenti à notre niveau par la censure qu’il y avait sur certaines applications chiffrées comme « signal » ou le fait que l’on ne pouvait plus utiliser notre VPN.
On a passé au total 9 jours en Ouzbékistan, on voit que la fin du voyage approche, les étapes se rétrécissent ! Pour nous cette durée a été suffisante pour profiter comme il faut de chacune des villes. Enfin on entend par là visiter tous les monuments intéressants, car ce n’est pas vraiment notre truc de flâner dans les parcs, restaurants et musées, on préfère les grands espaces.
Pour l’instant le tourisme en Ouzbékistan est essentielle concentré sur ses trésors culturels et pas encore sur la nature. Autant l’ouest du pays, constitué essentiellement de désert n’offre peut-être pas grand-chose à découvrir, autant le sud-est mériterait un peu plus d’attention. Nous l’avons traversé en train pour rejoindre la frontière Kirghize et les paysages montagneux étaient très jolis. Pour l’instant cet endroit, nommé la vallée de Fergana, est essentiellement décrit dans les guides comme industriel alors qu’il a du potentiel. Ce serait peut-être une piste à creuser afin de diversifier et prolonger un voyage dans ce pays qui cherche à se développer sur le plan touristique et qui en a toutes les possibilités.
Côté budget, c’est un pays très économique car on en a eu en moyenne pour 20€/jour/personne. Ceci incluant bien sûr un budget glace minimum de 1/ jour/personne ! Le rapport qualité-prix était excellent comparé à d’autres destinations et on ne serait pas étonnés que les prix montent avec le développement du tourisme.
On espère qu’avec tout ça on vous a donné envie d’aller jeter un œil en Ouzbékistan qui est à nos yeux un petit trésor qui mérite d’être découvert avant que le tourisme de masse ne s’empare de cette destination. Et on espère de tout cœur qu’il gardera son authenticité qui nous a tant charmé.